Poèmes
Préface de José Motta-Bant
"Voir" avec les yeux du poète. Avec son esprit. Voir la beauté du monde. Imaginer, donner image à l'invisible en "levant les yeux". La poésie serait-elle l'outil privilégié pour décrire ce qui est en-deçà du Voile et pour penser ce qui en est au-delà? Et sous quelles formes, selon quelles règles? Comment, par la technique, rendre au mieux la vision du poète? Ce recueil aborde toutes ces questions et nous délivre, au fil de ses quarante-neuf poèmes, l'art poétique personnel de Guy Jampierre.
VOIR, MAIS AUTREMENT
On clôt les yeux des morts : inutile lumière
Qui s’éteint sur leur cœur en dépôt de bilan…
Pour moi qui bouge encor d’un reliquat d’élan,
C’est du poids des soucis que tombent mes paupières.
Je vois, les yeux fermés, souffrir la terre entière :
Je vois l’âpre misère et les hommes violents,
Alors, calme antidote aux tableaux désolants,
J’épanouis ma vue d’indicibles croisières.
Si j’ouvre mon regard, ce n’est pas pour qu’il pleure.
J’aurais le mauvais œil d’aller à la malheure :
Mieux vaut le détourner de ce que nous voyons.
Oui ! Je pars ! Et très loin ! Le vent du vers m’emporte,
Mais il se fait caresse, oh ! Qui frappe à ma porte ?
– Mon ami rouge-gorge et son cœur vermillon.
GJ
170 pages
©2018